II

 

 

 

 

Au sein du château de Clovery Queen se trouvait un lieu où tous les férus de littérature et d’art pouvaient s’adonner à leur passion. La somptueuse bibliothèque, avait été construite par l’arrière grand-père de la reine, lui-même amateur de belles-lettres. Cet endroit était désormais réservé aux membres de la cour, souhaitant se cultiver ou trouver le repos. Alors, si vous croisiez Boowbies dans ce genre de lieu, c’est qu’elle n’était sûrement pas là pour s’instruire ! En effet, la reine lui avait  demandé de lui apporter un livre d’une grande importance. Cet ouvrage était le dernier texte qu’avait écrit la mère de la reine avant de s’éteindre dans son sommeil, succombant à une maladie incurable fortement répandue à cette époque.  Boowbies avait accepté avec ennui de rendre ce service à Clovery Queen. Mais notre souveraine connaissait la petite Boowbies, et lui promit en retour de lui faire essayer la couronne du royaume.

 Boowbies passa les portes de la bibliothèque : des membres de la cour lisaient tranquillement les meilleures œuvres de l’époque dans un silence de marbre que la demoiselle avait du mal à supporter. Elle accéléra le pas, en balayant du regard les nombreuses étagères de la bibliothèque, à la recherche de celle qui abriterait l’ouvrage qu’elle désirait. Après cette fouille des plus assidues, Boowbies tomba sur le livre en question. Difficile de le rater ! Sa reliure brillante et dorée ainsi que son nombre incalculable de pages ne pouvaient pas passer inaperçus.

 Fière de sa trouvaille, Boowbies savoura d’avance le fait de pouvoir essayer la couronne de Clovery Queen. Des étincelles plein les yeux, elle repartit en direction des quartiers royaux, avec l’énorme ouvrage qu’elle tenait à deux mains, tellement ce dernier pesait lourd. « Au moins le poids de la Baronne De Beaufillon ! », pensa-t-elle. Repensant à la couronne qui allait bientôt se poser sur sa longue chevelure brune, elle accéléra légèrement le pas. Soudain, elle s’arrêta et regarda derrière elle : celle-ci avait cru voir quelque chose tomber d’entre les pages. Une lettre cachetée était à même le sol. Boowbies s’accroupit, son gros livre sur les genoux et regarda plus attentivement la lettre. « Pour toi, ma fille Clovery. » Un léger sourire se dessina sur ses lèvres. La douce sensation du mystère et du secret s’installa en elle. « Une lettre cachée, qui ne devait surtout pas tomber entre de mauvaises mains, remplie d’informations juteuses et  croustillantes… », se dit cette dernière.  Mais, son respect pour Clovery Queen était trop grand et l’emporta sur sa curiosité : Boowbies ne pouvait se résoudre à ouvrir cette lettre cachetée par la reine sainte. Elle remit doucement la lettre dans le livre et avança la mine boudeuse en direction du château. A l’aide de son épaule, elle poussa avec difficultés les grandes portes de la salle royale et entra. La reine était assise dans son grand fauteuil : Boowbies venait souvent l’essayer en cachette, et le trouvait fort confortable. Elle fit une courte révérence à la reine et lui tendit l’ouvrage, dans lequel était glissée la lettre. Clovery Queen prit entre ses mains le livre qu’elle commença à feuilleter consciencieusement puis releva le regard, voyant que son amie n’avait pas bougé. Elle comprit, poussa un soupir et retira de sa tête la couronne diamantée. Boowbies la prit entre ses mains et la déposa lentement sur sa crinière ébouriffée. Une fois placée sur sa tête, elle sautilla partout, ordonnant aux valets de se mettre à genoux devant sa majesté toute puissante. Clovery Queen semblait habituée à ses caprices et  la laissa ordonner la mise à mort de trois ou quatre valets pour refus persistants de cueillettes de pommes. Une fois avoir commander l’exécution de tous les domestiques, Boowbies s’ennuya, reposa la couronne de la reine à côté de celle-ci et s’en alla à la recherche de nouveaux passe-temps.










 
 
 



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